Paru dans
Actualité Juive
L'école à la française
en Israël
Ils sont enfants de diplomates, d'ambassadeurs, d'hommes et de femmes
d'affaires mais aussi de nouveaux immigrants, et reçoivent un enseignement 100
% bleu blanc rouge en Israël. Comment fonctionne ce système, où trouve t-on ces
établissements, et pourquoi choisir d'y inscrire son enfant ? Actu J mène
l'enquête.
COMMENT ?
Sur un modèle unique au monde, la France dispose d'un réseau scolaire réparti
sur l'ensemble de la planète.
L'enseignement français à l'étranger
Par son ampleur et sa diversité, mais aussi par l'importance qu'il revêt, le réseau
scolaire français à l'étranger se devait d'être suivi et coordonné par une
structure spécifique et qui lui soit entièrement consacrée. C'est dans cette
optique que l'A.E.F.E., établissement public national à caractère administratif
placé sous la tutelle du ministère des affaires étrangères, a pour mission
première de garantir le bon fonctionnement d'un réseau représenté dans 127
pays. À l'heure actuelle, on recense 410 établissements français à l'étranger
assurant la formation de 235 000 élèves, dont 78 000 Français.
Tous ces établissements, reçoivent, en accord avec le ministère des affaires étrangères,
une homologation du ministère de l'éducation nationale. Concrètement, cette
reconnaissance signifie que, tout en tenant compte des spécificités locales et
dans une volonté de coopération avec les systèmes éducatifs des pays dans
lesquels ils se trouvent, tous les établissements du réseau scolaire français à
l'étranger dispensent un enseignement conforme aux programmes, objectifs pédagogiques
et règles d'organisation en vigueur en France.
Disposant d'un budget propre de 420 millions d'euros, l'A.E.F.E apporte son
soutien aux établissements en affectant et en rétribuant des personnels
enseignants et administratifs issus de l'éducation nationale. L'agence pour
l'enseignement français à l'étranger apporte également et chaque fois que cela
est possible et nécessaire, son aide à de nombreuses familles françaises
expatriées en accordant des bourses à leurs enfants scolarisés dans le réseau.
(Une centaine d'élèves du lycée français de Jérusalem ont par exemple bénéficié
de bourses pour un montant total de 45000 euros en 2004).
Transmettre les mêmes valeurs
Selon Maryse Bossiere, directrice de l'AEFE,
"le maintien
et le développement de ce réseau répond à un double souci de continuité et
d'ouverture. Continuité puisque les nombreux jeunes français qui se trouvent
hors du territoire national bénéficient, au même titre que leurs camarades sur
le sol français, d'un service public d'éducation de qualité ; ouverture, car ce
réseau contribue activement à la politique culturelle extérieure de la France
dans ses aspects les plus divers en permettant à des élèves étrangers d'être très
tôt et très durablement en contact avec une réalité nouvelle dans le cadre
d'une scolarisation différente."
En Israël, on compte 4 établissements français conventionnés totalement ou
partiellement par l'AEFE. Environ 500 élèves - de nationalité française ou
franco israélienne - fréquentent ces établissements.
Le plus souvent, les élèves scolarisés sont issus de milieux divers et variés,
et leurs parents, animés de motifs tout aussi hétéroclite. Pour ceux exerçant
une profession itinérante, seul compte la possibilité d'offrir un semblant de
stabilité - linguistique et culturelle - à leur enfant. D'autres expatriés définitivement
installés en Terre sainte mais profondément attachés à leur patrimoine
entendent transmettre à leurs enfants les valeurs éducatives qu'ils ont eux même
reçus dans leur jeunesse.
Dans ces établissements on retrouve également quelques juifs français ayant
fait une alya à l'essai et qui, craignant l'échec du retour à la case départ,
préfèrent assurer les arrières en évitant à leurs progénitures de 'perdre' une
année scolaire. Parmi cette catégorie, figure également des parents qui,
rejetant les méthodes d'enseignement locales optent délibérément pour la bonne
vielle école française. Enfin, il y a ceux qui, perdus dans les méandres du
système éducatif israélien, lequel offre un (trop) large éventail d'option -
religieux, laïc, national religieux, national laïc etc - choisissent d'inscrire
leur enfant à l'école française où ils retrouvent leurs repères.
COLLÈGE MARC CHAGALL : LE DOUX PARADOXE
En cette fin de matinée de mai, l'air printanier de Tel Aviv est particulièrement
doux. Dans le ravissant quartier de Nevé Tsedek, le collège Marc Chagall, situé
au 24 rue Chelouche respecte le style pittoresque de l'endroit.
Ses bâtiments de plein pied occupent en toute discrétion le centre d'une jolie
cour ombragée par des 'platanes' locaux. Comme dans le bon temps, le directeur,
Pierre Nahim, se tient à l'entrée du portail et salue un à un les enfants et
adolescents qui le franchissent le sourire aux lèvres. L'ambiance familiale
fleure bon les tableaux noirs, les craies qui cassent, le 'dirlo' bienveillant
et les cours de géographie où le nom des affluents de France et de Navarre échappait
aux trois quarts des élèves…
Un effort sur soi-même est nécessaire pour réaliser soudain que nous ne sommes
ni en France ni en Navarre… Mais bien en plein cœur de Tel-Aviv, la ville aux
milles et une facette de l'Israël moderne. Le Collège fait partie du réseau de
l'Agence de l'Enseignement Français à l'Étranger. Il dispense un enseignement
français, de la maternelle au secondaire, conformément aux instructions
officielles de l'Education Nationale française. Ici le français est la langue
maternelle de tous les enseignants et des aides éducateurs. Tout le matériel
(livres, supports pédagogiques…) utilisé est en français. En primaire comme en
secondaire, l’anglais, puis l'espagnol sont les langues étrangères officielles.
L’hébreu, ne représentant qu'un enseignement facultatif. Une centaine d'enfants
francophones du monde entier poursuivent leur scolarité ici, parfois pour un an
parfois plus, au grès des pérégrinations professionnelles de leurs parents.
"L'atout de notre établissement c'est sa richesse culturelle, ainsi que
l'excellence de l'enseignement" explique Pierre Nahim qui espère
rapidement voir grandir le nombre de ses élèves d'ici la rentrée 2005. Environ
20 familles françaises juives et non juives ont inscrit leurs enfants à Marc
Chagall dont les Sabbah, juifs de France ayant fait leur alya récemment. La mère,
Murielle, explique que cet établissement représente "un bon compromis
lorsque l'on ne sait pas encore si l'on va rester définitivement ou non. C'est
vrai que ce n'est pas une intégration parfaite. On garde un pied en Israël et
un pied en France, on joue sur les deux tableaux mais les enfants sont ainsi préservés
de nos incertitudes". A Chagall, le calendrier est partiellement adapté
aux vacances scolaires juives israéliennes : Roch Hachanah, Kippour, Toussaint,
Noël, Pessah, Pâques, Fête du Travail (1er mai), Fête nationale israélienne, (8
mai), Ascension, Pentecôte, Chavouot. Une possibilité de repas (non casher)
livré à domicile est offerte aux parents qui le désirent. Toujours dans le même
esprit de conciliation, Murielle explique que "Hanoukka et Noël ont été célébrés
en même temps, au même titre que Pourim qui était assimilé au Carnaval…"
Tandis que Pierre Nahim ancien directeur d'école en France assure la direction
pédagogique du Collège, le comité de gestion - constitué de parents d'élèves élus
- tient quand à lui les cordons de la bourse, principalement alimentée par les
frais d'écolage. Pour Murielle très satisfaite de la qualité de l'enseignement
dispensé, ce choix pédagogique représente un bon compromis, même si elle
reconnaît qu'il ne répond pas aux exigences d'une bonne intégration en Israël.
POURQUOI ?
L'avis de la spécialiste
En ne confrontant pas directement leurs enfants à la réalité israélienne, les
nouveaux immigrants qui choisissent d'inscrire leurs enfants dans des établissements
français en Israël ne prennent-ils pas un double risque pour l'avenir ?
Selon
Delphine Ora Kauffmann, conseillère d'éducation et d'orientation, spécialisée
dans les méthodes d'intégration scolaire, (francophone, en Israël depuis 15
ans) il est évident que cette décision ne peut se concilier avec un projet
d'alya traditionnel. "Faire évoluer un enfant dans un milieu scolaire
clos, différent de l'environnement local, relève d'une volonté délibérée de ne
pas intégrer l'enfant en Israël. Cela peut répondre à des exigences matérielles
ou professionnelles tout à fait compréhensibles, mais sûrement pas à une volonté
d'intégration". Cependant précise Delphine Ora Kauffmann, "il peut
arriver que l'on conseille à des parents nouveaux immigrants dont l'enfant était
en seconde ou première en France de l'inscrire dans un établissement français
afin qu'il termine en toute sérénité un cycle scolaire, quitte à lui faire
effectuer ensuite une classe préparatoire en hébreu afin de le préparer à un
cursus universitaire en hébreu. Quoi qu’il en soit, chaque cas nécessite un
conseil et un accompagnement différent. Quand les parents font leur alya, ils
doivent au préalable se définir, voir se redéfinir, en fonction de leur nouveau
projet de vie. Israel n'est pas la France, et il faut à tout prix éviter de
chercher des parallèles et des équivalences entre les deux systèmes éducatifs
respectifs".
Email : [email protected]
Où
?
4 établissements, 4 options
Collège Marc Chagall
24 rue Chelouche - BP 50049 - 61500 Tel-Aviv
Téléphone : (972) 351 72 429
Télécopie : (972) 351 62 856
Adresse électronique : [email protected]
Niveaux d'enseignement homologués par l'AEFE :
De la maternelle à la 2nde
Frais de scolarité annuels : de 2 206 € à 4 368 €
Langues enseignées : anglais espagnol, hébreu prévu à la rentrée scolaire 2005
Spécificité : ambiance familiale, douceur de vivre et enseignement de qualité
Collège des Frères
23 rue Yefet - BP 8251 - Tel Aviv-Jaffa
Téléphone : (972) 3 682 18 90
Télécopie : (972) 3 682 18 83
Niveaux d'enseignement homologués par l'AEFE :
Terminale
Frais de scolarité annuels : 777,48 €
Langues enseignées :
LV 1 : anglais, arabe, hébreu
LV 2 : anglais, espagnol, arabe, hébreu
Spécificité : mixité culturelle, ethnique et religieuse. Musulman, chrétien et
juifs y étudient ensemble.
Lycée Thorani Beit Yehuda
Kfar Maïmon - - Néguev
Téléphone : (972) 8 994 4001 ou 1049
Télécopie : (972) 8 994 4287
Niveaux d'enseignement homologués
Internat exclusivement
Lycée : de la 2nde aux Terminales L-ES-S
Dépend de l'académie de Lyon.
Frais de scolarité annuels : 2 668 €
Langues enseignées : anglais, hébreu
Spécificité : enseignement du kodesh, 20 ans d'existence et d'excellents
souvenirs d'internat chez tous les anciens dont la majorité s'est particulièrement
bien intégrée dans la société israélienne
Lycée Français de Jérusalem
B.P. 37001
66, rue des Prophètes
95 141 Jérusalem
Tel. : 02 538 41 02
Fax. : 02 537 86 47
e-mail : [email protected]
Homologué par l'AEFE de la maternelle à la terminale
Spécificité : L'école française républicaine dans toute sa splendeur en plein centre
de Jérusalem
Option Littéraire/Economique et Sociale/Scientifique pour le baccalauréat.